"Au secours, aidez-nous", c'est ainsi que débute le discours des bénévoles de la fondation Abbé Pierre à La Réunion. En effet, en 2023, plus de 20.000 petits-déjeuners et 800 bons alimentaires ont été distribués à 1.117 personnes. À la boutique solidarité de Saint-Denis, ces actions sont rendues possibles à 95% grâce aux donations et les 5% restants viennent d'organismes publics tels que la Caf. Aujourd'hui ils en appel au soutien des collectivités.

"Cette maison représente la maison des possibles où on offre un accueil inconditionnel", déclare Matthieu Hoarau le directeur régional de la fondation Abbé Pierre. "Cette maison transformée en boutique solidarité n'est pas un endroit où l'on peut dormir en tant que tel, des accommodations sont mises en place pour permettre aux personnes dans le besoin de se sentir en sécurité", dit-il.

"Cet anniversaire, au-delà d'un moment festif, est un moment un peu amer, parce que le nombre de personnes à la rue qui décèdent est à la hausse", s'alarme le directeur de la fondation. Les moyens restent insuffisants face à l'augmentation du nombre de personnes dans le besoin. Matthieu Hoarau lance un appel. Regardez

"En ce moment la situation est assez difficile et je ne suis pas le seul dans ce cas", confie Louis Jean-Yves Bègue un des bénéficiaires de la fondation Abbé Pierre. L'homme ayant subi une séparation difficile décide de rentrer à La Réunion mais un problème se présente à lui : le manque de travail.

"Je suis trop vieux et trop qualifié pour les postes que je demande et ça pose problème parce que je n'ai toujours pas trouvé de travail", avoue-t-il. Ajouté à cela quelques problèmes de santé, l'homme accueilli par la fondation espère que sa situation change. Regardez

- Un lieu pour créer du lien -

D'une superficie d'environ 400 mètres carrés, la boutique permet à ses usagers de conserver leur dignité et pouvoir créer du lien avec d'autres personnes accueillies malgré les conditions difficiles. Concernant l'espace hygiène : on retrouve de quoi se doucher et laver ses vêtements. "Au niveau des hommes on a quatre cabines de douche et deux toilettes et pour les femmes c'est une de chaque", décrit Stéphanie Lebon travailleuse sociale de la fondation. Elle explique : "Les femmes sont très peu nombreuses, il y en a à peine dix par jour d'où le nombre de douche et sanitaire".

L'endroit permet également aux bénéficiaires de trouver des vêtements, de quoi se coiffer, des chaussures et de la vaisselle dans leur "vesti'boutik". Il y a également une grande cour centrale et une cour arrière qui possède des fauteuils permettant de se reposer. Et un endroit pour lire et passer des appels dans une petite bibliothèque.

"Par jour en ce moment on accueille jusqu'à 150 personnes sur la matinée, sachant qu'on est ouvert de 7h00 à 11h30", explique Stéphanie Lebon une travailleuse sociale à la boutique solidarité de l'Abbé Pierre. L'après-midi est consacrée aux démarches administratives plus denses : "on reçoit seulement sur rendez-vous pour des demandes de logements ou autres". Regardez

- Une fresque en hommage à l'Abbé Pierre -

Sur la devanture de la boutique, une fresque est peinte pour permettre de rendre hommage au combat de l'Abbé Pierre, tout en donnant une meilleure visibilité de l'endroit à ceux qui le cherchent. Cette peinture permet de commémorer les 70 ans de l'appel du curé ainsi que de rappeler la phrase une de ses citations : "toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t'aime". Un symbole de la lutte

"La fresque est un véritable challenge car elle est à réaliser sur une surface dont je n'ai pas l'habitude", avoue Vincent Box calligraphe urbain. En charge de l'œuvre, il lui reste encore un jour de travail pour peaufiner le rendu. Regardez

"La fondation Abbé Pierre et le mouvement Emmaüs sont nés à la même année en 1994", souligne Bernard Grondin, le directeur d'Emmaüs Réunion. Mais il n'est pas question d'empiéter sur le terrain de l'autre, c'est plutôt le contraire. "On est sûr de la complémentarité, la fondation Abbé Pierre se concentre sur un public qui est à la rue et qui a besoin de se reconstruire, pendant qu'Emmaüs les personnes visés sont celles qui sont déjà sorties de l'étape d'urgence", explique-t-il. Regardez

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