Une situation inquiétante : VIH, infections sexuellement transmissibles : des jeunes de plus en plus contaminés et de moins en moins protégés
À La Réunion, l’usage du préservatif est en baisse, alors que le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) et les infections sexuellement transmissibles (IST) sont en hausse. Selon les dernières données disponibles, qui datent de 2023, 41 personnes ont été déclarées positives au VIH. Concernant les IST d’origine bactérienne, les chiffres ont recommencé à augmenter, après avoir reculé au cours des vingt années précédentes. Cela dans un contexte où l’utilisation des moyens de protection lors des rapports sexuels a diminué (Photo www.imazpress.com)
D'après les données de 2021, fournies par le Corevih (Comité de coordination de la Lutte contre les Infections Sexuellement Transmissibles et le VIH) le nombre de sérologies positives pour le VIH/Sida est en augmentation par rapport à 2020. En tout, il y a eu 40 découvertes de séropositivité au VIH par million d'habitants.
En 2021, le nombre total de sérologies VIH effectuées à La Réunion était estimé à 98.801, soit un taux de 115 sérologies pour 1.000 habitants. En 2022, 1.002 personnes vivants avec le VIH bénéficient d’un suivi adapté à la Réunion.
Outre le VIH, 89 cas de syphilis ont aussi été détectés en 2021.
Sur les IST, concernant les infections à Chlamydia, en 2021, 214 infections à Chlamydia trachomatis (Ct) ont été diagnostiquées en à La Réunion. La majorité de ces cas étaient des femmes (56%). Les personnes de moins de 26 ans représentaient 2 cas sur 3 à La Réunion.
Le taux de dépistage des infections à Chlamydia trachomatis (Ct) pour les 15 ans et plus à La Réunion était de 82,9 pour 1.000 habitants (soit 56.209 dépistages) en 2021. Le taux de dépistage a augmenté de + 14,6% par rapport à 2020 (72,4 pour 1 000 habitants).
En 2021, 158 infections à gonocoque ont été rapportées via la surveillance à La Réunion. La majorité de ces cas étaient des hommes (68%). Les personnes de moins de 26 ans représentaient presque la moitié des cas à La Réunion et les 26-49 ans comptaient pour 41% des cas.
- Les infections sexuellement transmissibles en hausse -
Des cas de personnes infectées au VIH qui, comparativement aux années précédentes, sont en résurgence à La Réunion.
"On constate une augmentation au VIH importante à La Réunion", s'inquiète le Docteur Peter Von Theobald, gynécologue obstétricien.
Le VIH n'est pas le seul à être en recrudescence. À La Réunion, la syphilis touche de plus en plus de femmes enceintes. "une maladie grave qu'on ne voyait presque plus il y a quelques années dans le département", précise-t-il.
"Les IST sont actuellement en résurgence. Ce n'est pas spécifique à La Réunion mais ça touche tout le monde, même en métropole", indique Xavier Deparis, directeur de la veille sanitaire à l'Agence régionale de santé (ARS).
Il ajoute : "il y a une augmentation des déclarés mais il doit y avoir certainement beaucoup plus de personnes infectées". "Ce qui est déclaré est la face émergée de l'iceberg."
Une recrudescence constatée alors que "la maladie reste sous surveillance et que la population a baissé la garde".
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- Des maladies potentiellement dangereuses -
Si ces maladies semblent moins craintes par les publics plus jeunes, elles sont pourtant particulièrement dangereuses, "d'autant que les IST ne présentent pas toujours de signes cliniques". "Sauf que plus on attend, plus le traitement sera lourd", indique Xavier Deparis.
D'autant que "la syphilis est une infection qui peut rester silencieuse pendant des années avant de développer des complications neurologiques". La "chlamydia, est une bactérie qui peut donner des complications gynécologiques chez la femme et l'homme".
"En termes de gravité des symptômes, il faut passer par traitement antibiothérapie pour les cas où la personne peut rester à la maison et traiter le ou les partenaires", explique Peter Von Theobald.
Dans les cas les plus graves, "la personne est hospitalisée avec des antibiotiques par intraveineuse sur 48 heures".
D'autres personnes plus sévèrement atteintes, "et qu'il y a un abcès, nous allons ponctionner et faire une opération chirurgicale".
Il précise, "après ce sont des maladies qui ne tuent plus heureusement, nous arrivons à les soigner, même si dans certains cas il y a parfois des séquelles avec de l'infertilité quand les trompes sont abîmées".
Pour le VIH, "il y a un risque d'immunodépression avec des soins chroniques", précise le professeur Xavier Deparis.
Rappelons qu’une personne séropositive sous traitement, lorsque sa charge virale est indétectable, ne transmet pas le VIH.
- Des jeunes de moins en moins protégés -
Si ces maladies sont en nette recrudescence, c'est, selon le rapport de l'Organisation mondiale de la santé, dû à une utilisation du préservatif en baisse chez les plus jeunes.
À La Réunion, trois rapports sexuels sur dix sont non protégés (29 %). Si l’on s’intéresse uniquement aux filles, la proportion de rapports non protégés chez les collégiennes s’élèverait à 45 %, selon l'Observatoire de la santé. Chez les lycéennes, cette proportion diminue à 30 %.
Il est également important de noter que les élèves déclarent qu’une contraception d’urgence a été prise après plus de 19 % de ces rapports sexuels. La proportion des filles déclarant avoir utilisé une contraception d’urgence lors de leur dernier rapport s’élève à 27 %, un chiffre probablement plus proche de la réalité.
Et pourtant, l'État a annoncé le remboursement du préservatif pour les 18 à 25 ans, "mais ça n'a pas l'air d'avoir eu un impact important".
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D'après le Docteur Peter Von Theobald, gynécologue obstétricien, "il y a un relâchement des mœurs qui peuvent expliquer cela".
"Tant qu'on n'a pas de relation de confiance avec le partenaire il faut mettre la capote", dit-il. "On a perdu le bon réflexe de prévention", évoque le professeur Xavier Deparis.
Pour le directeur de la veille sanitaire, ce relâchement vient du fait que "il y a des années on disait que le Sida était mortel et là les jeunes se disent qu'avec les traitements préventifs ils ne risquent rien".
Face à cela, le ministère de la Santé a proposé un outil de dépistage. "Il suffit aux personnes de se présenter dans un laboratoire de biologie médicale, présenter sa carte vitale et demander le dépistage", explique Xavier Deparis.
Ces dépistages sont pris en charge par l’Assurance maladie sans avance de frais à 100% pour les moins de 26 ans, et à hauteur de 60% pour le reste de la population avec couverture du reste à charge par les complémentaires (dont la complémentaire santé solidaire).
À La Réunion, une campagne sera prochainement lancée sur les mesures de prévention et sur les dépistages en laboratoire.
Ce dépistage est proposé gratuitement. Il est déjà mis en place à La Réunion, une centaine de personnes se sont déjà fait dépister depuis le mois de septembre.
"On espère sensibiliser la population et dépister avant que les complications arrivent", note Xavier Deparis, directeur de la veille sanitaire à l'Agence régionale de santé.
Alors peu importe la pathologie, plus tôt celle-ci est dépistée, plus tôt elle est prise en charge, ce qui a pour effet d’améliorer l’efficacité des traitements.
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