Réunion par Imaz Press, jeudi 8 décembre 2022 à 05:59
Plus de 3.000 signature récoltées

Une pétition pour intégrer la littérature en langues régionales dans les programmes scolaires

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Depuis ce dimanche 4 décembre, une pétition circule à l’échelle nationale sur internet pour que la littérature en langue régionale ait une place aussi importante à l’école que la littérature française, dans le programme du ministère de l’éducation nationale. Une demande qui résonne particulièrement à La Réunion, où de nombreux défenseurs du créole réclament depuis des années des cours en créole, mais aussi des moyens pour mettre en oeuvre ces cours. (Photo : DR)

A l’origine de cette pétition on retrouve le Collectif pour les littératures en langues régionales à l’école. Un groupe composé d’auteurs, de penseurs, de chercheurs en encore d’enseignants. Derrière cette pétition, l’idée est de dire qu’il faut intégrer des œuvres écrites par des autrices, des auteurs rédigeant dans leur langue d’origine – breton, corse, créole ou encore en basque – dans le programme scolaire, des élèves. Ces œuvres pourraient ainsi être étudiées de la primaire au baccalauréat, dans divers cycles, comme l’indique cette pétition.

« Nous avons déjà reçu le soutient de personnalité comme Francis Cabrel ou encore des universitaires de France », indique Philippe Pratx, un des instigateurs de la pétition et ancien enseignant. « Aujourd’hui, il y a une proposition en langue régionale assez restreinte dans les établissements. Quand on voit que des élèves en France connaissent parfois mieux les auteurs étrangers que leurs propres auteurs, c’est ne pas leur donner accès à cette richesse à travers d’autres écrits ».

Le but aussi de la pétition, c’est de proposer ces œuvres pourquoi pas dans leur langue d’origine et traduite en français. « Cela rendrait le texte accessible », insiste Philippe Pratx. « Grâce à cet enseignement, c’est avoir une ouverture d’esprit sur le monde tout en étant attaché à ses racines ».

Si actuellement des enseignants ont la liberté et le choix de proposer différentes œuvres à leurs élèves, l’idée de la pétition c’est que « l’enseignement de la littérature régionale se fasse dans les académies concernées et qu’il y ait également une sensibilisation pour l’ensemble des autres élèves ailleurs en France sur ces mêmes œuvres », précise par la suite Philippe Blanchet, rédacteur de la pétition mais aussi professeur de sociologie linguistique à l’université de Rennes 2. Selon lui, il n’y a pas assez de textes dans les langues régionales, et que “l’idée est de dire aux élèves en France qu’il existe des textes écrits par d’autres personnes qui sont françaises, mais qui sont écrits dans une autre langue que le français ».

Selon la loi Molac, il est possible d’avoir « l’enseignement des langues régionales comme matières facultative dans le cadre de l’horaire normal d’enseignement de la maternelle au lycée ».

– Un éveil à l’art –  

Le collectif attend encore d’autre signatures avant de la transmettre directement au ministère de l’Education nationale. Mais déjà la pétition compte plus de 3.000 signatures sur les 5.000 attendues.

Elle ne manque en tout cas pas de faire réagir. Pour Cédric Lenfant, professeur des écoles à la Réunion, « enseigner des œuvres régionale à l’école c’est une très bonne chose. C’est très bien, c’est plus de culture, et il en faut encore. Mais avant cela il faut aussi qu’il y ait des moyens humain supplémentaires. Oui il nous faut de la culture, ça permet d’apporter une certaine réflexion, pour savoir d’où on vient. C’est bien de promouvoir la culture mais il faut du personnel et des formations pour le faire aussi”.

“Si on est pas éveillé à l’art, on ne peut pas l’enseigner. Il faudrait aussi qu’il y ait un consensus sur les différents dialectes avant de pouvoir enseigner les textes. C’est le vivre ensemble cultivé qu’on aura avec cette richesse culturelle. Si on intègre ces textes dans le programme il faut aussi qu’il soit approuvé par tous, par la communauté. Il y aussi un travail historique à faire, un travail de recherche à mettre en place. On apprend des choses du passé et la culture n’a jamais nuit à notre société, au contraire. Il faut s’ouvrir à l’autre, savoir quelles sont le œuvres, les arts et celle du monde aussi. Quand on connait mieux les autres, on peut plus échanger aussi avec les autres et on peut mieux travailler. Etudier une oeuve régionale, cela éveille l’élève” estime-t-il.

Même son de cloche pour Jérôme Motet, professeur d’Espagnol au lycée. « Cela permet une découverte de la littérature par la culture. Beaucoup d’auteurs réunionnais sont peu connus. Mais c’est intéressant car à La Réunion on peut avoir de l’excellence. Et c’est en montrant l’exemple avec des textes écrits par des auteurs de chez nous qu’il y a aussi une projection et une image positive pour l’élève. C’est important d’avoir un symbole, et ça permettrait de connaitre son histoire littéraire. Cela prouve aussi qu’on a eu des personnes talentueuses et que La Réunion n’a pas à jalouser d’autres auteurs ». Le professeur souligne également qu’il n’hésite pas non plus à parler et à échanger avec ses élèves sur des œuvres d’auteurs réunionnais comme Alain Lorraine.

Pour Jean-Pierre Marchaud, représentant du parti EELV (Europe Ecologie les Verts) à la Réunion mais aussi anciennement professeur de philosophie, « le respect de l’identité passe par le renforcement des œuvres écrites”. “Et c’est le meilleur lieu pour étudier à l’école. C’est plus qu’une ressource que cela doit être. Chez EELV on est pour que les langues des territoires soient au même niveau que le français  Grâce à l’enseignement d’œuvre pour l’enfant, ça donne aussi un caractère officiel à l’écrivain. Il va en parler aux parents, et ça va avoir un effet aussi de reconnaissance plus que symbolique. En l’inscrivant un peu plus dans le programme, ça valorise le travail et au-delà, c’est aussi un processus de transmission et empêcher qu’une langue ne disparaisse” raconte-t-il.

Pouvoir proposer des œuvres littéraires régionale dans le programme est donc bien perçu. Comme l’affirme un artiste créole interrogé : « Le créole demande a être reconnu dans les livres ». 

Des écoles à La Réunion dispensent aussi des cours en créole et font donc de la transmission d’informations sur la langue et aussi l’histoire de l’île et notamment de ses principales figures. Le rectorat affirme de son côté qu’il y a déjà  par exemple un ouvrage pédagogique sur la littérature créole qui est à la disposition des enseignants. Ils peuvent alors choisir de l’intégrer ou non au programme, si cela rentre dans leur thématique.

Pour l’artiste interrogé, « il suffit de prendre un livre en créole, de l’étudier comme pour n’importe quelle œuvre littéraire. Il faut que notre passé littéraire, les livres historiques, les fonkèr, rentrent dans le patrimoine du pays. Il faut encore batailler pour dire on est pas contre le créole, ni contre le français. » Il ajoute qu’on « reconnaît une personne aussi par sa langue. La littérature réunionnaise va directement parler à nos marmailles, contrairement aux autres œuvres. C’est une façon de voir le monde, plus vrai que de lire quelque chose qui ne nous parle pas. »

La question du créole revient ainsi dans la course, avec cette pétition. Lors de sa visite  à la Réunion en septembre dernier, Pap Ndiya, le ministre de l’Education nationale a insisté sur le fait que « le bilinguisme ou le plurilinguisme si bien exprimé sur l’île de La Réunion en raison de son histoire n’est pas contraire à l’apprentissage de la langue française. Au contraire ». Selon lui, ces langues sont des points d’appui importants pour l’apprentissage de la langue de manière générale. Reste désormais à y mettre les moyens.

ef/www.imazpress.com/ redac@ipreunion.com

mots clés de l'article : créole , enseignement , littérature , Actus Réunion , Actu Réunion , Actualité de La Réunion , Actualité Réunion , Actualités de La Réunion , #à la une , langue régionale , Pétitio

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