Un secteur peu attractif : Périscolaire et centres de loisirs recherchent animateurs (presque) désespérément

Sur internet, de nombreuses offres d’emplois dans le secteur de l’animation sont encore mises en ligne un mois après la rentrée des classes. Dans plusieurs communes de l’île, on cherche des animateurs pour le périscolaire et les centres de loisirs. Un secteur peu attractif où les recrutements sont à la peine (Photo rb/www.imazpress.com)
Loic Amiot est directeur des ressources humaines à la SPL Oser pour l'éducation (OPE). Depuis 2020, cette structure a récupéré du personnel d'anciennes associations dans le domaine de l'animation extra et périscolaire. Elle s'occupe du dispositif d'animation périscolaire ainsi que des mercredis jeunesse sur une soixantaine d'écoles maternelles et élémentaires de Saint-Denis.
Pour ce qui est du périscolaire, les animateurs sont présents de 7h à 8h avant le début de l'école et de 15h45 à 17h30 avant que les parents ne récupèrent les enfants. Les mercredis et pendant les petites et grandes vacances, les enfants sont pris en charge de 7h30 à 17h30.
Au sein de chaque école, l'équipe se compose d'un responsable de structure et d'une équipe d'animateurs dont la taille dépend du nombre d'enfants à encadrer. Le ratio réglementaire imposé par la Drajes en maternelle est d'un animateur pour huit enfants et un pour douze en élémentaire.
Le problème dans cette organisation bien rodée, un recrutement qui patine.
"Je me tourne vers les organismes de formations et un peu partout pour essayer de trouver des candidats. Si on ne recrute pas assez d'animateurs nécessaires pour le volume d'enfants, on ne peut pas tous les prendre. On serait obligé de restreindre les groupes pour respecter le cadre légal" détaille Loic Amiot.
Heureusement, ce n'est pas encore le cas mais le secteur reste constamment en tension.
"Beaucoup d'employeurs ont du mal à recruter" confirme Vincent Omarjee, directeur d'AP Run, un centre de formation aux métiers du sport et de l'animation.
Les nombreux postes encore à pourvoir dans le secteur en sont la preuve. Une situation due en grande partie à la précarité de ces emplois.
- Emplois précaires -
"C'est un métier qui n'est pas très attractif. Sur 260 employés, dont 230 en tant que personnel d'animation, 70% sont en contrats précaires c’est-à-dire en CDD ou encore en contrat aidé (PEC)" révèle Loic Amiot.
La majorité des structures dans l'animation proposent essentiellement ces contrats précaires qui en plus de l'être sont amenés à s'arrêter un jour ou l'autre.
"C'est compliqué pour nous car nous sommes en perpétuel renouvellement de nos équipes et contraint juridiquement de nous séparer de nos bons éléments" exprime le directeur des ressources humaines.
Il y a deux mois, la SPL OPE a tout de même pu procéder à la CDIsation de 21 personnes. "C'était attendu depuis très longtemps. Cela nous permet d'assurer un noyau dur au sein de chaque école avec le responsable et au moins un animateur en CDI et de contrer le turn-over qui était préjudiciable à la qualité de service" ajoute Loic Amiot.
Ce phénomène de turn-over est d'autant plus fréquent que "les animateurs restent souvent entre 5 et 10 ans avant d'évoluer et changer de poste" d'après Vincent Omarjee.
Audrey Bernier, ancienne directrice de centre de loisirs est par exemple devenue coordinatrice pédagogique chez AP Run formation. Elle témoigne de toutes ces problématiques.
En plus d'être en contrats précaires, les animateurs sont en temps partiel ce qui engendre une rémunération partielle. Sans compter que le temps de travail est coupé et réparti sur toute la journée de 7h à 17h30. "Il est difficile pour une personne de cumuler avec un deuxième emploi" affirme Loic Amiot.
Ajoutez à cela le prix des formations qui sont plutôt élevées avec un BAFA entre 500 et 1000 euros et une rémunération peu élevée une fois dans le métier.
- Beaucoup d'absentéisme -
Si des personnes sont tout de même attirées par l'animation encore faut-il qu'elles y restent.
Nous vous le disions, un ratio réglementaire est à respecter pour l'encadrement des enfants. Une contrainte quantitative qui est aussi qualitative puisqu'au sein de chaque équipe au moins 50% du personnel doit être diplômé et 30% en formation.
"Ce qui n'est pas évident c'est qu'on doit garantir ce ratio sur toutes les structures avec la contrainte de devoir procéder à des remplacements puisque nous sommes totalement soumis au taux d'absentéisme" développe Loic Amiot.
Effectivement, en période de vacances scolaire, 15 à 20% des animateurs finissent aux abonnés absents. Des absences qui seraient causées par "des journées de travail trop longues" selon les remontées faites aux ressources humaines de la SPL OPE.
Pour rappel, en période de vacances, le personnel est à 50h par semaine avec cinq jours travaillés sur sept.
"On fait une étude actuellement avec la commission santé et sécurité au travail pour essayer d'avoir des indicateurs plus précis concernant cette absentéisme et ses causes pour qu'on puisse agir" confie Loic Amiot.
Pour faire face à toutes ces difficultés, plusieurs solutions sont proposées par professionnels du secteur. Par exemple, pour l'absentéisme, une équipe d'animateurs volants est mise en place en plus du taux réglementaire pour pouvoir assurer les remplacements.
- Apprendre à connaitre le métier -
Pour le problème de recrutement, Vincent Omarjee, directeur d'AP Run qui forme une centaine d'animateurs par an, pense qu'il y a "une méconnaissance du métier".
La SPL OPE est en contact tout au long de l'année avec Pôle Emploi et les missions locales et participe à des forums pour justement mettre en avant le métier "sans cacher les difficultés" ajoute Loic Amiot.
"On essaye de redonner à l'animation ses lettres de noblesse pour attirer des personnes qui ont une appétence pour le métier et surtout qui ont le savoir être pour l'exercer" dit-il.
Pour les personnes intéressées, des périodes de mises en situation professionnelle sont proposées pour tester la réalité du métier.
"Je pense qu'il n'y a que comme ça que nous arriverons à repérer vraiment les personnes faites pour ça et qu'on arrivera à infléchir la courbe de l'absentéisme" conclut Loic Amiot.
L'alternance est aussi favorisée. Les personnes formées par AP Run sont par exemple placées dans des structures de l'île pour leur apprentissage pratique. Le centre de formation se rend également dans les lycées pour présenter les filières de l'animation.
En juin, le ministère des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques a d'ailleurs souhaité accompagné le secteur en difficulté en valorisant l'apprentissage dans les métiers du sport et de l’animation au travers d’une campagne de communication sur les réseaux sociaux.
ks/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
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