Un meilleur contrôle que dans l’Hexagone : Eau péi en bouteille : buvez sans modération et sans risques
De l’eau minérale aromatisée aux bactéries et aux pesticides, voire même aux polluants éternels… voilà le scandale qui épingle les produits du groupe Nestlé. Perrier, Contrex, Hépar, Vittel… sont les marques concernées. Une affaire qui met en lumière le manque de transparence sur le contenu de ces eaux en bouteilles. Mais alors, La Réunion est-elle concernée ? Quid des bouteilles produites dans l’île ? Leur qualité sanitaire est-elle assurée ? L’Agence régionale de santé – sollicitée par Imaz Press – nous a répondu. (Photo photo RB/www.imazpress.com)
À La Réunion, plusieurs eaux en bouteilles sont produites : Bagatelle, Australine, Edena, Volcanik ou encore Cilaos.
"Sur le territoire, trois sociétés exploitent des ressources d'eau souterraines en vue du conditionnement et de la distribution d'eau en bouteille", explique l'ARS.
La société SARL Cilaos – filiale du groupe Chane Ou Teung – "exploite l’eau de la source d’eau minérale naturelle de la source Véronique en vue de produire de l’eau minérale avec adjonction de gaz carbonique sous la désignation commerciale "Cilaos"".
La société SA Edena - filiale du groupe Phoenix Beverages – "exploite trois ressources d’eaux souterraines en vue de produire de l’eau de source".
Le forage Joséphine, exploité sous le nom de source Eden, en vue de conditionner les produits de désignation commerciales "Edena", Edena finement pétillante et "Espace Edena".
La source Blanche en pied de rempart de la berge rive droite de la Rivière des Galets au Port permet de produire l’eau de source de dénomination commerciale "Bagatelle".
La société des eaux de Basse vallée (S.E.B.V.) - filiale du groupe Cilam - exploite le forage de Basse Vallée dénommé source Australine en vue de produire l’eau de source du même nom.
- Des forages qui appartiennent aux collectivités -
L’activité de conditionnement de l’eau s’effectue à La Réunion à partir d’installations ou de forages appartenant aux collectivités locales.
La Sarl Cilaos capte les eaux minérales naturelles (EMN) de Cilaos au moyen d’installations, propriété du Conseil Départemental; lequel exploite l’établissement thermal de Cilaos
Le forage de Basse Vallée, exploité par SEBV, appartient à la Casud après avoir été sous responsabilité de la commune de Saint-Philippe.
Les sources Blanche et Denise, dont l’eau est mise en bouteille par Edena (eau de source Bagatelle), appartiennent au Territoire de l'Ouest. Elles étaient anciennement sous reponsabilité de la ville du Port, bien que situées sur la commune de la Possession.
Seul le forage Joséphine, exploité par Edena dans l’enceinte de son usine, est la propriété de l’exploitant.
Hormis dans le cas de l’EMN de Cilaos, les ressources exploitées par les embouteilleurs d’eau sont également utilisées par les collectivités précitées pour assurer le service public d’adduction en eau potable.
- Quels contrôles pour les eaux de La Réunion ? -
Eaux de source oui… mais comment sont-elles contrôlées afin de veiller qu'aucunes bactéries nocives pour l'homme ne se retrouve dans nos bouteilles ?
Sur ce point, l'Agence régionale de santé veille. "L’ARS instruit les demandes d’autorisation. Elle est chargée d’organiser le contrôle sanitaire de la qualité de l’eau", explique l'institution à Imaz Press.
"Ces eaux sont doublement contrôlées par l’ARS; au titre du contrôle sanitaire des eaux embouteillées et au titre du contrôle sanitaire des eaux alimentant un service public, faisant que le suivi de la qualité de la ressource utilisée par les embouteilleurs d’eau est plus efficace qu’en métropole".
"En ce qui concerne les sites de production et de conditionnement d’eau, la fréquence de passage du laboratoire agréé en charge des prélèvements et des analyses de l’eau est de 4 contrôles par an au niveau du captage et entre 9 et 12 contrôles par an au niveau de chaque produit fini" détaille l'ARS.
Ce programme de prélèvements et d’analyses, coordonné par l’ARS, est exécuté par un laboratoire agréé par le ministère chargé de la santé. Des contrôles effectués de manière inopinée.
Des contrôles qui s’accompagnent également de visites sur site par les contrôleurs de l’ARS.
"Chaque usine de l’île est visitée au moins une fois par an, tandis que les contacts téléphoniques avec les embouteilleurs d’eau sont quasi-hebdomadaires, conséquence des modalités d’application du contrôle sanitaire auxquelles ils doivent se soumettre imposant la communication de leurs plannings de production", indique l'Agence régionale de santé.
En plus de ces contrôles réglementaires, "l’exploitant est tenu d’assurer une surveillance quotidienne de la qualité de l’eau aux différents points de surveillance définis dans son système d'analyse des risques et de maîtrise des points critiques (HACCP)".
- L'eau péi, buvez-en sans risque -
Si toutes ces eaux viennent de ressources souterraines, sont-elles pour autant exemptées de toutes bactéries et pesticides ?
À ce jour, à La Réunion "l’ensemble des données ainsi collectées montrent que les ressources ne sont pas concernées par des pollutions de type "pesticides" et que l’eau embouteillée à La Réunion répond aux exigences de qualité inhérentes à leurs statuts d’eau de source ou d’eau minérale naturelle" assure l'ARS.
Le forage de Basse Vallée - profond de 25 mètres et qui intercepte une nappe provenant des flancs du volcan inclus dans le Parc National - "dispose d’une protection naturelle permettant de garantir en permanence une qualité microbiologique de l’eau pompée", souligne l'ARS. Aucun polluant chimique (à l’exception d’une occurrence ancienne) n’a jamais été détecté dans cette eau.
Le "forage Josephine a été creusé à une profondeur de 140 mètres et dispose d’une protection naturelle (environ 100 mètres de glaise imperméable au-dessus de la zone de pompage". Lui aussi est indemne de polluants chimiques.
Seules les sources Blanche et Denise, "qui ont été les premières eaux de source à être embouteillées à La Réunion dans les années 70, et les seules à l’avoir été jusqu’au début des années 2000, toujours conformes aux exigences de la qualité "eau de source" à ce jour (et toujours très stratégiques pour La Réunion au vu des volumes embouteillés), montrent qu’elles sont potentiellement impactées par les activités humaines ayant lieu dans leurs aires d’alimentation incluant le plateau agricole de Dos d’Ane" précise l'ARS.
C’est la raison pour laquelle ces sources sont incluses dans toutes les campagnes de recherche de polluants émergents dans l’eau à La Réunion dont elles sont considérées indemnes à ce jour.
- Eaux contaminées et scandale chez Nestlé -
Pour rappel, le 4 avril dernier, l'Agence nationale de la sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a rendu une note selon laquelle la "qualité sanitaire" des produits du groupe Nestlé n'était pas garantie.
Les experts de l'Anses constatent un "niveau de confiance insuffisant" pour "garantir la qualité sanitaire des produits finis", écrivent-ils dans leur rapport remis en octobre au ministère de la Santé.
Le laboratoire a constaté des contaminations microbiologiques régulières (bactéries coliformes, Escherichia coli, entérocoques) "pouvant atteindre à plusieurs reprises une concentration élevée".
Nestlé traite les eaux pour les débarrasser de ces contaminations avant la mise en bouteille, de la même façon qu'on le fait pour l'eau du robinet. Or, la réglementation sur les eaux minérales naturelles interdit la présence de toute bactérie, même avant l'embouteillage.
Les non-conformités constatées "ne devraient pas conduire à la production d'eaux embouteillées", écrit l'Anses.
Le rapport alerte également sur la présence de contaminants chimiques, dont des PFAS, dits "polluants éternels", à un niveau qui dépasse parfois le seuil réglementaire. L'Anses recommande aux autorités de mettre en œuvre un plan de surveillance renforcé des usines de Nestlé.
Nestlé, propriétaire des eaux en bouteille Vittel, Perrier, Contrex et Hépar, a affirmé vendredi avoir "intensifié la surveillance" de ses forages français "sous le contrôle des autorités" pour garantir la qualité sanitaire de ses produits.
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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
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