Sept personnes déficientes visuelles (malvoyantes et non voyantes) ont eu l’opportunité de suivre une formation d’une journée sur les gestes de premiers secours, à la médiathèque de Sainte-Marie, le 5 novembre dernier. Au-delà de cette formation ô combien utile, c’est aussi un moyen pour le public cible de ne plus se sentir isolé et d’être « autrement capable », comme le prônent les organisateurs. (Photos : DR)

A leur côté, des accompagnateurs – des conjoint.e.s., une employée de la médiathèque de Sainte-Marie, des bénévoles du Lions Club Edmond Albius – prêts à les seconder, les guider dans cette formation gratuite, dispensée durant toute une journée de 8h à 16h.

Les instigateurs de cette opération sont le Lions Club Edmond Albius, la Fédération Française des Secouristes et Formateurs Policiers (FFSFP) et la médiathèque de Sainte-Marie.

« Une fois par an notre club (Lions Club Edmond Albius ndlr) propose une journée bien être en faveur des déficients visuels avec par exemple du yoga, ou encore des massages. Cette année, nous avons décidé de changer et de proposer cette formation », explique Guylène Panechou, présidente du Lions Club Edmond Albius. Si la médiathèque de Sainte-Marie a été choisie comme lieu d’accueil de l’évènement, c’est parce qu’elle y propose une section lecture à destination des personnes déficientes visuelles.

Cette formation est une grande première pour l’ensemble des organisateurs. Ce qui a nécessité des aménagements et une préparation plus importante qu’à l’ordinaire.

– Une formation adaptée et repensée –

Les doutes des participants ont très vite laissé place à l’envie et la soif d’apprendre lorsque la formation a débutée.   Explication, démonstration, mise en situation, tout a été adapté au mieux pour permettre et rendre le plus clair possible cet apprentissage.

Comme le détaille Rudy Var, formateur du jour, membre de la FFSFP, et conseiller technique zonale en secourisme de la police nationale, « il fallait déjà s’habituer à l’espace dans lequel allait avoir lieu la formation. Il a également fallu s’adapter aux repaires que peuvent avoir ces personnes, pour pouvoir les guider ».

C’est tout un procédé tourné autour de la description qui a donc été fait. Ainsi, dix points autour des gestes de premiers secours ont été abordés à savoir :

la protection : se protéger soi-même et les victimes aux alentours en cas de danger l’alerte à donner aux secours selon la situation rencontrée comme un incendie les gestes à pratiquer lorsqu’une personne s’étouffe   l’intervention en cas d’hémorragies ; l’intervention face à une personne inconsciente qui respire ou lorsqu’elle est inconsciente et ne respire plus. Le recours à la position latérale de sécurité peut s’y avérer utile ; le recours et la pratique du massage cardiaque ; l’utilisation du défibrillateur ; l’intervention sur des brûlures ; l’intervention en cas de traumatisme.

A chaque point de cette formation, des mises en situation avec des gestes de la vie quotidienne sont appliquées. « Ce que le déficient visuel ne voyait pas, l’accompagnateur, l’aidait. Mais après il est capable par la suite de reproduire les mêmes gestes et de pouvoir intervenir à tout moment », précise Rudy Var.  Lors de cette formation, il y a notamment eu la simulation d’une personne qui s’étouffe à table, ou encore une autre où une personne se coupe, pour comprendre comment il faut dans ces situations.

Pour le formateur, cela a été un challenge de pouvoir tout adapter et rendre compréhensible du mieux possible la formation. Mais, comme il le souligne « on se rend compte que même avec un handicap, ils y arrivent avec le toucher et l’ouïe”. Pour organiser la formation, il a donc fait en sorte de “tout décrire, dire tout ce que l’on faisait. Lors de la projection des diaporamas, on a rajouté des explications toujours aussi précises. A la fin de la séance ils m’ont confié qu’ils avaient tout compris et qu’ils « voyaient » ce que je voulais dire ».

La phase d’apprentissage a ensuite laissé place à un « petit » examen, pour vérifier que tous les points étaient bien compris. A l’issue de la formation, les participants et leurs accompagnateurs se sont vus diplômés du PSCI 1 (prévention et secours civiques de niveau 1). Ils recevront prochainement la version “papier” de leur diplôme.

Cette journée s’est terminée sur une touche de bonheur avec des sourires légion pour tout le monde. « Notre objectif c’est de rendre service au public. Et quand on voit tant de joie, on est heureux à notre tour », rapporte avec émotion Guylène Panechou.  

– Une formation indispensable –

Rudy Var tient également à rappeler que l’ancien gouvernement souhaitait que 80 % de la population soit formée aux gestes de premier secours. Il s’agit là d’un objectif que souhaitait atteindre le premier gouvernement d’Emmanuel Macron, où Edouard Philippe était alors Premier ministre et Gérard Colomb, à la tête du ministère de l’Intérieur.

Or, aujourd’hui il n’en est rien puisque d’après l’AFP, seulement 40 % des Français sont formés aux gestes qui sauvent. Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge affirmait à l’Agence France Presse « nous pensons qu’il faudrait doubler ce chiffre ».  

Comme le conclut Guylène Panechou, cette première est une réussite puisqu’à l’annonce de l’évènement, nombreuses sont les personnes qui ont voulu s’y inscrire mais qui n’ont malheureusement pas pu y participer. La présidente du Lions Club annonce déjà qu’un autre rendez-vous est donné pour le premier trimestre 2023. Pour le moment aucune date n’a été donnée mais c’est une opération qui est amenée à se renouveler.

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