Réunion par Imaz Press, jeudi 23 novembre 2023 à 20:28

Ouvrages sous surveillance : À La Réunion, 95% des ponts sont en bon état, 5% posent problème

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Ce mercredi 22 novembre 2023, des fragments de béton sont tombés du pont du boulevard de l’Océan à Saint-Denis. Si aucun véhicule n’a été impacté, l’érosion de cet édifice où passent des milliers des véhicules par jour pose question. D’autant qu’à La Réunion, impossible de circuler sans la multitudes d’ouvrages enjambant les ravines. Embruns, vents... des facteurs qui peuvent expliquer ces détériorations. Toutefois la Région se veut rassurante, évoquant que "95% des ponts sont en bon état, seuls quatre ou cinq ouvrages posent problème". Tous ces ponts sont sous surveillance (Photos : sly/www.imazpress.com)

Pour les Réunionnais, le pont du boulevard de l'Océan n'est pas le seul qu'ils voient se détériorer.

"Ça fait un peu peur, surtout quand on sait que beaucoup de voitures passent dessus", souligne Roseline. "On ne veut pas qu'un drame arrive."

D'autres estiment que cela peut venir d'un manque d'entretien. "C'est comme la route, il n'y a pas suffisamment de travaux pour entretenir les ponts", lance Harry.

Tout le monde a en mémoire l'effondrement du pont de la rivière Saint-Etienne en 2007, lors du passage du cyclone Gamède. Malgré les inspections régulières, les piles n'avaient pas résisté aux milliers de tonnes de roches d'un éboulement qui avait eu lieu au-dessus du Bras-de-la-Plaine.

Lire aussi - Gamède, le cyclone qui a fait tomber le pont de la rivière Saint-Étienne

- Le pont du boulevard de l'Océan s'effrite-t-il ?

Si ce mercredi 22 novembre 2023, des fragments de béton sont tombés du pont du boulevard de l'Océan à Saint-Denis, cet incident pose question sur la solidité de l'ouvrage.

"Les blocs tombés se sont détachés du tablier de l'ouvrage", a évoqué la CRGT dans un communiqué, mais "il n'y a pas de quoi s'inquiéter".

"Le problème se trouvait en-dessous, donc ce que nous avons fait c'est de faire une mise en sécurité et purger", explique Franck Orgerit, chef du service ouvrage d'art à la Région Réunion.

"On reviendra prochainement pour un traitement en conséquence et pour purger de nouveau", ajoute-t-il, expliquant que ce pont "ne présente pas de caractère d'urgence".

Un traitement qui consiste en du béton projeté "pour remettre de l'épaisseur et fixer dans la structure".

Lire aussi - Saint-Denis : des fragments de béton tombent du pont du boulevard de l'Océan

- Des ouvrages soumis aux aléas climatiques -

Mais alors, qu'elle peut être la cause de l'état de ces ponts ? Un manque d'entretien, trop de trafic ?

Franck Orgerit, responsable de la sécurité des ouvrages d'art à La Région Réunion explique, "le pont est soumis aux embruns marins et cela engendre une corrosion de l'armature du pont". "En bord de mer on a l'agressivité du sel et du chlorure qui attaque le béton."

Une corrosion qui provoque le gonflement du béton "et parfois des éclats se détachent", ajoute-t-il.

Cela peut également créer une altération de l’aspect extérieur de l’ouvrage : éclatement localisé, formation de fissures, apparition en surface de traces de rouille et éventuellement mise à nu de l’armature.

Les ponts sont également victimes des agressions liées aux vents, aux taux élevés d’humidité et à l’ensoleillement.

De plus, le technicien souligne le fait que cet ouvrage date de 1979. "Il a été construit selon les normes de l'époque. Comme tous les ponts construits à dans les années 70 - 80, l'enrobage en béton est de 2 centimètres. Désormais, la norme est de 5 centimètres, et 7 centimètres pour un ouvrage comme la nouvelle route du littoral" détaille-t-il.

- Des ouvrages sous surveillance -

À La Réunion, si 95% des ouvrages "sont en bon état", comme l'indique le chef des ouvrages d'art à la Région, "on a quatre ou cinq ouvrages qui posent problème et qui sont sous surveillance". Un faible pourcentage sur les 738 ponts que gère la collectivité régionale.

Des ouvrages sur lesquels les contrôles sont plus poussés et le tonnage de véhicule limité. Des ponts qui font l'objet de projets de remplacements. C'est le cas notamment du pont de l'Étang Saint-Paul ou encore celui de la RN102, le pont de la rivière des Pluies.

L'an dernier par exemple, la Région a procédé au remplacement du pont de la ravine du Gol à Saint-Louis. "On est venu remplacer ce pont métallique car il présentait un risque." "On l'a remplacé par un pont de secours, le temps d'avoir le nouveau pont définitif", ajoute-t-il.

Cependant, Franck Orgerit le dit ,"cela peut arriver d'avoir des éclats de béton mais cela reste rare et cela peut être dû à d'autres facteurs comme un camion qui serait venu percuter la rambarde".

"À la Région Réunion, on a un manuel qualité de gestion des ouvrages d'art qui définit le rythme des visites et reprend tout ce qui est surveillance, inspection", explique le chef de service des ouvrages d'art à la Région.

"On a donc repris ce rythme de visite annuelle pour contrôles et d'une inspection plus poussée tous les trois ans avec un rapport et un PV (procès-verbal) de visite ainsi qu'une notation de chaque ouvrage et le relevé des désordres (fissures, éclats de béton…)", précise Franck Orgerit. Le technicien indiquant que pour chaque désordre relevé "est mis en place une programmation de travaux".

Même si l'inspection est annuelle, "des travaux on en fait tout le temps. On répare entre 30 et 50 ouvrages par an, avec des travaux de réagréage, de béton projeté", explique Franck Orgerit.

Tous les ans, le budget de la Région pour ces "petites réparations" est de l'ordre de deux millions d'euros.

- La dégradation se poursuit malgré les mises en garde du Sénat -

Si 95% des ponts gérés par la Région sont en bon état, la dégradation de ces ouvrages est un phénomène qui ne touche pas seulement La Réunion.

Cinq ans après la tragédie de Gênes – le 14 août 2018 - ayant causé la mort de 43 personnes en Italie, la dégradation des ponts se poursuit en France.

Au moins 25.000 ponts sont "en mauvais état structurel" et "posent des problèmes de sécurité et de disponibilité pour les usagers", révélait le 27 juin 2019 un rapport sénatorial, qui réclamait à l’époque un "plan Marshall" pour "éviter le drame". Un chiffre rehaussé à 35.000 en 2022.

Si la plupart des recommandations ont fait l’objet de mesures gouvernementales, en réalité, leur mise en œuvre s’avère "largement insuffisante", déplore le rapport.

Dans un entretien accordé au Figaro le 14 août 2023, Hervé Maurey, le sénateur ayant supervisé le rapport de 2019, maintient toujours que "les moyens ne sont pas encore à la hauteur des enjeux". S’il salue la "prise de conscience réelle de l’État", ce dernier regrette la carence des financements sur ce chantier urgent, estimant qu’"on attend souvent l’accident pour tirer les leçons et agir"…

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

mots clés de l'article : société , Actus Réunion

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