Réunion par Imaz Press, mercredi 28 août 2024 à 13:48

Motion de censure, appel à manifester... : Refus de gouvernement NFP : pour les députés de La Réunion, Macron joue au "pompier pyromane"

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Un gouvernement sans la gauche pour Emmanuel Macron. C’est en tout cas ce qui ressort des consultations menées par le président de la République après la dissolution de l’Assemblée nationale. Pas de Nouveau Front populaire à Matignon et ce, même si le NFP est sorti en tête des élections législatives. Une situation totalement bloquée et des motions de censure qui s’annoncent déjà, tout comme un appel de LFI au rassemblement le 7 septembre. À La Réunion, les députés sont unanimes, "la France est en situation de crise". (Photo photo RB/www.imazpress.com)

Emmanuel Macron a entamé mardi de nouvelles consultations pour trouver un Premier ministre, cette fois sans le RN ni LFI, après avoir balayé l’option Lucie Castets et ainsi suscité l’ire de la gauche dont une partie appelle à manifester le 7 septembre contre ce qu’elle considère comme un "coup de force".

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- Un véritable "déni de démocratie" -

Un "déni démocratique" confirmé par la députée Emeline K/Bidi. "Le président semble refuser de tenir compte du résultat des urnes, ce que je trouve presque assez cynique."

"Si quelqu'un est "obligé" c'est lui, or il n'a jamais pris la mesure de cette application et continue de réagir comme si l'élection n'avait pas eu lieu", dit-elle.

"Aujourd'hui il s'entête à vouloir nommer un gouvernement composé avec des macronistes et des gens de droite mais là non plus cela ne tiendra pas longtemps face à une motion de censure."

Interrogé, le député Perceval Gaillard estime que "l'on voit là une crise politique majeure et inédite ouverte par la dissolution de l'Assemblée nationale".

Une crise "entichée par le fait que le président s'entête dans sa stratégie et ne prend pas en compte les résultats de l'élection et essaye de poursuivre la même politique".

"On est sur un cas de gravité exceptionnelle qui dépasse la lutte partisane et met en cause la séparation des pouvoirs dans notre pays" estime-t-il.

"C'est une situation très dangereuse et il en va de la responsabilité du président et quand on est responsable d'une telle crise politique la seule solution c'est de démissionner", abonde le député.

Il y voit également "un réflexe du parti dominant puisque le patron national du Medef est soulagé que le NPF n'est pas été nommé". De plus, "il y a une mise en danger du budget de la France par le timing choisi par le président de la République".

Questionnée également, Karine Lebon. Pour la députée, "Macron a outrepassé ses fonctions". "Il semble toujours oublié qu'il a perdu les élections."

Certes "c'est de son fait de nommer un ou une Premier ministre mais ça s'arrête là". "Il serait d'usage qu'il nomme Lucie Castets et charge à elle de construire un gouvernement qui obtiendra ou pas une censure de l'Assemblée nationale."

"Macron a l'art de plonger le pays dans une instabilité institutionnelle, pour rien au final, et ne veut surtout pas écouter la revendication démocratique de la population", souligne le député Frédéric Maillot.

"Pour lui c'est un programme qui dérange car ce programme-là met en difficulté ses amis qu'il protège depuis sept ans."

C'est du mépris qui gagne le député Philippe Naillet. "Parce que la responsabilité du Président de la République, c’est de nommer un Premier ministre ou une Première ministre. Ce n’est pas de censurer par avance un gouvernement. La censure, c’est à l’Assemblée nationale de l’apprécier ou de ne pas l’apprécier, de la voter ou de ne pas la voter" déclare-t-il.

"Il y a également du mépris par rapport au vote des Français parce que dans ces législatives, les Français ont dit plusieurs choses. Ils ont d’abord dit qu’il ne voulait pas du Rassemblement national au pouvoir. En même temps, ils ont sanctionné la Macronie. Celle-ci a perdu plus de 70 députés, c’est une sanction. Ils ont porté la coalition du Nouveau Front populaire en premier, mais le NFP n’a pas de majorité non plus pour diriger le pays, mais il lui revient de gouverner et de trouver bien sûr les compromis, de trouver les proximités avec d’autres sur les textes", ajoute-t-il sur ses réseaux.

"Mais cela, le Président de la République l’a balayé d’un revers de la main. Il l’a balayé avec mépris comme toujours, mais quand on se pose la véritable question, mais qu’est-ce qu’il veut exactement Macron?"

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- La gauche fulmine et crie au "coup de force" -

La France insoumise a confirmé qu'une motion de destitution serait présentée par ses députés au bureau de l'Assemblée nationale "conformément à l'article 68 de la Constitution".

Du côté des députés réunionnais, ceux du NFP attendant la nomination.

"Tout dépendra du gouvernement qui sera désigné", répond Émeline K/Bidi. "S'il y a un gouvernement avec des chaises musicales avec changements de postes mais pas de membres, dans ce cas on votera une motion de censure."

"À gauche on a le mérite de la clarté et même si on peut nous reprocher d'avoir mis du temps à choisir Castets,  aujourd'hui on est tous unis derrière la bannière du NFP" ajoute-t-elle.

"Même si on sait que gouverner sans majorité n'est pas chose simple, on n'a pas fait tout ce qu'on a fait pour renoncer face aux responsabilités" déclare la députée.

Concernant la mesure de destitution, "je crains qu'elle reste symbolique mais j'ai le respect de l'axe démocratique", indique Frédéric Maillot.

"En tout cas, on va essayer de trouver un plan et notamment mettre le RN face à ses contradictions car il faut le dire à tout le monde, le RN c'est une fraude dans la lutte contre Macron", s'indigne Perceval Gaillard.

"Ils sont prêts à censurer le NFP mais pas nécessairement le gouvernement Macron."

"Il faut rester mobiliser pour rappeler au Président de la République qu’il doit s’incliner devant le verdict des urnes, il doit donner sa chance au NFP, après il s’agira au NFP, à Mme Lucie Castets d’être responsable, c’est-à-dire de trouver des proximités avec d’autres parce que le NFP n’a pas la majorité, mais le NFP doit gouverner sur la base de ce qu’il a porté lors la campagne des législatives l’urgence sociale, l’urgence environnementale, le renouveau démocratique."

"Continuons la pression sur le Président Macron et si par malheur, il devait nommer un Premier ministre qui continuerait la politique menée depuis 2017, la politique de casse sociale, la politique qui s’en prend au plus modeste. Alors, il est évident que nous porterons et que nous voterons une motion de censure", lance Philippe Naillet.

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- Un appel à manifester le 7 septembre -

"On appelle à manifester mais pour l'heure nous n'avons pas encore de détail sur la manière dont cela sera organisé", que ce soit dans l'Hexagone ou à La Réunion, explique Perceval Gaillard.

Émeline K/Bidi sera elle à Paris le 7 septembre. Pour la députée "les Français doivent continuer à se faire entendre". "On appelle à une manifestation pacifique et on appelle la population à dire et redire au président que cet entêtement n'est pas raisonnable et que le changement pour lequel les français se sont prononcés ne peut pas s'exprimer dans la continuité."

"Le moment politique que l'on vit sera inscrit dans les livres d'histoire et l'obstination du président sera expliquée avec sévérité", dit-elle.

"Il n'y a rien de démocratique dans ce qu'il se passe", ajoute Émeline K/Bidi. "On ne peut pas avoir une personne qui dirige seule le pays envers et contre tous."

Pour Frédéric Maillot, même si les contours de cette mobilisation ne sont pas encore fixés, selon lui, "la première mobilisation c'était lors du premier et du second tour des législatives".

"On doit se battre contre ce qui est injuste. Le président a bafoué la tradition républicaine."

En attendant, les députés de La Réunion poursuivent leurs rencontres auprès de leurs administrés.

"Il y a et aura une mobilisation populaire. A nous parlementaires de prendre notre part, mettre la pression, occuper l'Assemblée nationale. On doit réfléchir à une action qui montre notre détermination", note la députée Karine Lebon.

Mais ils le disent, "dans la société c'est quelque chose qu'on ne pensait jamais vivre". "Normalement dans la pratique républicaine c'est la force politique arrivée en tête et quand bien même c'est à elle de prouver qu'elle est en capacité mais là tout est fait à l'envers", ajoute Perceval Gaillard.

"C'est un coup de force. Les Réunionnais sont inquiets et en colère."

Pour l'élu, "Macron a créé toutes les conditions pour une rentrée politique explosive. On se demande même s'il ne joue pas au pompier pyromane".

Pour l’heure, la solution du casse-tête politique ne semble pas en vue. Et le président n’a plus beaucoup de temps pour le résoudre.

Un budget doit en effet être présenté le 1er octobre à l’Assemblée. Et à plus court terme, son agenda est déjà bien rempli: il devait recevoir mardi après-midi le Premier ministre irlandais Simon Harris, ouvrir mercredi soir les Jeux paralympiques à Paris, et s’envoler jeudi après-midi pour une visite en Serbie.

La France insoumise appelle à manifester le 7 septembre contre "le coup de force" d’Emmanuel Macron

www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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