La vie est toujours plus chère : Inflation : les prix grimpent , les demandes d’aide alimentaire explosent

Les prix de l’alimentaire continuent de grimper, et avec eux, la précarité aussi. Alors que sur un an, les prix de l’alimentation ont augmenté de 6,1%, les demandes d’aide alimentaire explosent aussi. Selon la Banque Alimentaire des Mascareignes, il y a eu une augmentation de 38 % du nombre de bénéficiaires entre le premier trimestre 2022 et le premier trimestre 2023 (Photo d’illustration)
La vie chère l'est chaque mois un peu plus. Depuis le Covid-19, et encore plus depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine il y a plus d'un an, les prix ne vont qu'en augmentant. D'après les derniers chiffres de l'Insee, publié ce vendredi 26 mai, les prix augmentent de 1% en avril, après une hausse de 1,6% en mars.
"La hausse des prix des produits frais est moins marquée que le mois précédent (+1,5 % contre +2,4%). Hors produits frais, les prix des produits alimentaires augmentent de 0,9% en avril" détaille l'institut de la statistique.
Une autre étude publiée mercredi 17 mai par Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, a aussi révélé que 16 % des Français ne mangent pas assez. Un chiffre en hausse de quatre points en six mois. Les femmes, les jeunes et les personnes qui cumulent les difficultés sont les plus touchées.
Une situation qui se répercute clairement sur les demandes d'aide alimentaire. "L'augmentation est constante, notamment depuis le Covid" note Mohamad Bhagatte, président de l'association Unir OI. "On a de plus en plus de personnes âgées qui se présentent" ajoute-t-il.
Une tendance qui se confirme un peu partout autour de l'île. Les épiceries solidaires notent une hausse de fréquentation constante. "On voit beaucoup de jeunes, d'étudiants, et ça augmente chaque mois" indique le gérant d'une épicerie solidaire de Saint-Denis. "Sur le mois dernier, nous avons écoulé 1,6 tonnes de produits, que ce soit en alimentaire ou en produits d'hygiène."
"Face à la hausse des prix alimentaires, toutes les personnes n’ont pas la capacité d’augmenter leurs dépenses consacrées à leur alimentation : à La Réunion, une majorité de personnes accueillies (57 %) n’a pas pu suivre l’augmentation des prix alimentaires, contre 51% en France hexagonale" note la Banque alimentaire des Mascareignes dans un rapport publié en février.
L'organisation récolte chaque année 600 tonnes de produits, redistribués à 40 associations et CCAS partenaires, "pour aider 75 000 personnes en situation de précarité, soit l’équivalent de 1,2 millions de repas". Des chiffres qui pourraient bien augmenter pour l'année à venir, craint-elle.
"Pour le moment, les chiffres ne sont pas consolidés pour 2022, mais en 2021, 1.800 tonnes de denrées ont été distribuées à travers les colis alimentaires et les épiceries sociales confondus. En 2022 ce chiffre est en hausse et le sera probablement pour 2023" souligne par ailleurs le Conseil départemental.
"C'est triste à dire, mais je pense que la situation va s'empirer chaque mois, comme ce que j'ai pu observer depuis la crise Covid-19. On a tout public, la vie est tellement fragile que n'importe qui peut se retrouver dans ces situations" se désole Mohamad Bhagatte. "On a un gros public de personnes âgées" ajoute-t-il.
- Une majorité de femmes accueillies -
"Près des trois quarts des personnes accueillies sont des femmes" relève de son côté la Banque alimentaire des Mascareignes. La moitié des publics accueillis sont par ailleurs des familles avec enfants. "72 % des familles monoparentales reçoivent le RSA contre 44 % pour les autres types de familles. Cette proportion est nettement supérieure à celle de l'Hexagone, où 35% des familles monoparentales perçoivent le RSA" ajoute-t-elle.
Les personnes accueillies disposent en moyenne d’un budget alimentaire de 3,70 € par personne et par jour, soit près de 1 € de moins qu’en métropole : 4,80 € selon l’enquête flash publiée en juillet 2022 par la Fédération franaçaise des banques alimentaires.
Face à l'inflation, "73 % des personnes accueillies déclarent avoir dû augmenter leur fréquentation des centres de distribution alimentaire suite à l’inflation".
"Mes vœux sont que nous soyons de plus en plus solidaires. Si je sais être solidaire avec ma famille, mes proches, mes voisins…Alors chacun à son échelle, on pourra se battre contre ces difficultés" espère Mohamad Bhagatte.
Dans ce contexte, la Région Réunion a voté ce vendredi 26 mai 2023 en commission permanente l’attribution de subventions à deux organismes oeuvrant dans le domaine de l’aide alimentaire : la BAM recevra 50 000 euros pour un projet d’aménagement d’un camion afin de réaliser des ateliers cuisine et sensibiliser le public bénéficiaire de colis alimentaires à la nutrition, et la Croix Rouge recevra 50 000 euros pour un projet d’aménagement d’un food truck itinérant afin de cuisiner et offrir un repas chaud au public en grande précarité n’ayant pas la possibilité de cuisiner.
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