Crise économique
La Fédération réunionnaise du BTP dépose une motion pour entrer dans le secteur de compétitivité renforcée

Après avoir été impacté par la pandémie du Covid, le secteur du bâtiment et des travaux publics est à présent pleinement touché par la crise ukrainienne. La hausse du coût des matériaux étant leur principale difficulté pour poursuivre sereinement leur activité, la fédération réunionnaise du bâtiment et des travaux publics (FRBTP) a déposé ce lundi 29 août 2022, une motion en préfecture "dans le but d’exercer (son) droit d’alerte", indique la fédération. Leur demande : faire entrer le BTP en secteur de compétitivité. "Sans compétitivité renforcée, on se dirige vers une crise sociale sans précédent", affirme la FRBTP. (Photo d’illustration rb/www.ipreunion.com)
"La Guyane dispose déjà du secteur de compétitivité et cela a permis de relancer l'activité tout en donnant la capacité aux entreprises à renouveler leur pouvoir d'achat", fait savoir la fédération. "Nous, nous demandons l'entrée du BTP dans le secteur de compétitivité pour chaque territoire d'outre-mer", explique Anthony Lebon, président de la FRBTP. "Nos entreprises n'en peuvent plus, nous avons épuisé notre capacité de résilience", souligne ce dernier.
Au quotidien, les entrepreneurs du BTP rencontrent principalement trois difficultés. "En moyenne, quand on émet une facture, nous sommes payés trois mois après, et cela c'est inadmissible, ça empire les difficultés actuelles", proteste la FRBTP. Ecoutez :
Autre difficulté majeure : "le non-partage des surcoûts". "La circulaire du 30 mars 2022 permet de faire face à la hausse des matériaux car elle prévoit de ne pas laisser les surcoûts à la charge des entreprises", explique Anthony Lebon. "Malheureusement, elle n'a pas été appliquée" déplore-t-il
Rodolphe Lorion, entrepreneur spécialisé dans les canalisations subit au quotidien "le non-respect de cette circulaire" mais aussi l'impact de l'inflatio,.
"Pour vous donner un exemple, un tuyau de fonte de diamètre 100, en 2019, on le payait entre 14 et 15 euros le mètre linéaire. Aujourd'hui, on le paie entre 23-24 euros", détaille l'entrepreneur. Il ajoute : "Aujourd'hui, mon entreprise prend seule en charge les surcoûts, en gros je paie pour pouvoir travailler et ça impacte directement ma trésorerie". Rodolphe Lorion en donne un exemple : "Sur un marché où il y avait une commande de 750.000 euros de tuyaux, j'ai eu une plus-value d'à peu près 250.000 euros". Il ajoute résigné : "C'est la marge du chantier qui s'en va, donc je vais finir le chantier à zéro sans pouvoir faire d'investissement ni même de donner des primes aux salariés". Regardez :
Enfin, "l'absence de révisions de prix avec des indices locaux" est aussi dénoncé par la FRBTP. "Il n'y a parfois pas de révisions de prix dans nos marchés", précise la Fédération. "Trop de maîtres d'ouvrage publiques et privés à La Réunion ne font pas référence aux indices locaux et prennent en compte les indices nationnaux, voire n'incluent pas de révisions de prix", s'indigne le président de la FRBTP, Anthony Lebon.
"Le plus dommageable, c'est surtout que lorsqu'il y en a, ces révisions se font sur la base de prix non-locaux c'est-à-dire qu'ils ne sont pas basés sur la réalité de notre territoire ni sur le coût du fret", proteste Anthony Lebon.
Stéphane Brossard, président de la commission technique de la FRBTP, détaille les chiffres du dernier rapport de la cellule économique du BTP.
"Tous les produits importés ont subi l'inflation mondiale", explique-t-il. "La spécificité de La Réunion fait qu'à cette inflation des matériaux on a aussi une hausse du coût du trajet qui s'ajoute à l'augmentation des prix de l'énergie", ajoute-t-il. "L'acier a augmenté de 40%, le bois de coffrage de 100%, le cuivre des réseaux électrique de 25%, l'aluminium a lui aussi connu une augmentation de 80% sur la matière brute, ce qui ramène à une hausse de 25% à peu près en menuiserie". Ecoutez :
On peut donc le dire, "construire à La Réunion coûte bonbon", "nos entreprises veulent répondre aux besoins en construction et en amélioration de l'habitat, mais sans cette entrée en secteur de compétitivité nous n'y arriverons pas", insistent les professionnels du bâtiment et des travaux publiques. La FRBTP prévoit, en cas de non prise en compte de sa demande, de "durcir le mouvement pour se faire entendre". Cela pourrait par ailleurs impacter les prochaines négociations annuelles obligatoies (NAO).
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