Deux concerts à La Réunion : Avec "Radio Londres", Axel Bauer fait de la résistance
Quarante ans clairsemés de tubes imparables, en solo ou en duo, une carrière lancée en fanfare rock au milieu des années 80 avec "Cargo"… Axel Bauer est à La Réunion pour présenter son septième album studio "Radio Londres" à l’occasion de deux concerts exceptionnels ce week-end chez Luc Donat et au TPA et clôturer, après l’Olympia il y a une dizaine de jours, sa tournée entamée en juin 2022. Rencontre. (Photo DR)
Vous finissez votre tournée par La Réunion… Dans quel état d’esprit abordez-vous ces deux dernières dates ?
Je ne suis jamais venu à La Réunion, alors que je suis déjà allé à l’île Maurice ou en Martinique. On conclut donc en beauté cette tournée qui avait mal commencé avec l’équipe précédente qui avait explosé en plein vol au bout de la septième date. Ce qui me fait dire que la musique ce n’est pas simplement les compétences des musiciens mais c’est aussi l’envie qu’on a envie de jouer et de travailler ensemble. À tel point que je me suis demandé s’il fallait poursuivre la tournée ou pas. Finalement, j’ai retrouvé des supers musiciens qui me suivent actuellement dont Raoul Chichin le fils de Fred Chichin et Catherine Ringer. Quand on a une bonne équipe, c’est que du plaisir et du bonheur !
Radio Londres nous renvoie au passé de votre père Franck qui fut l'une des voix de la résistance durant la Seconde Guerre mondiale… Un album de la résistance en somme ?
Eh oui, pendant la guerre, mon père en tant que speaker de Radio Londres a dit 517 fois à l’antenne, « Les Français parlent aux Français ». Un jour, lors d’une conversation, je l’ai ré-enregistré et l’idée d’une chanson hommage aux résistants m’est venue mais je n’ai jamais réussi à la faire pour la simple et bonne raison que je n’ai pas connu la guerre et que je ne savais pas si j’étais la bonne personne pour en parler. Je me suis donc tourné vers Boris Bergman, qui a écrit pour Bashung entre autres, et qui affirme qu’en d’autres temps, on était plus résistants… Dans « Radio Londres » transparaît cette âme de la résistance que j’ai adaptée à notre monde actuel comme la résistance face à la maladie en référence au titre « C’est malin »…
Doit-on y voir aussi une référence à l’album « London Calling » des Clash, sorti à la fin des années 70 ?
Ça aurait pu en effet mais ce n’est pas le cas. En réalité, il y a un lien entre cette radio où mon père était speaker, et le fait que j’ai habité à Londres. La musique de Radio Londres m’a influencé et m’a fait apprendre à jouer d’un instrument.
Avant d’être chanteur, vous êtes musicien… Quelles sont vos sources d’inspiration rock justement ?
Les premières musiques que j’écoutais jusqu’à l’âge de 10 ans étaient celles que mes parents écoutaient eux-mêmes, à savoir le jazz et la musique classique. Puis je me suis mis à écouter de la musique chantée avec les grands groupes des années 70 tels que les Who par exemple. En fait, dans les années 80, tout le monde cherchait à avoir le même son que Trévor Horn à qui on doit notamment Relax de Franckie Goes to Hollywood.
Quand ça fait longtemps que t’es dans la place, ce qui est mon cas, il y a des courants qu’on est plus ou moins obligé de suivre ou pas… En réalité, j’ai des influences diverses et variées et c’est ce qui explique que j’ai pris du temps pour me trouver. On peut se revendiquer d’une certaine influence et jusqu’à présent, le rock ou le folk rock font partie des choses que j’aime. Je pense être dans la continuité de Bashung, Lavilliers ou Hubert Felix Thiéfaine qui comme moi, ont été biberonnés au rock.
Vous faites référence aux Who. Vous en avez d’autres comme Led Zeppelin par exemple ?
Tout à fait, j’ai d’ailleurs repris Cashmere durant le confinement avec 29 musiciens. Une très chouette expérience !
Vous souhaitiez vous défaire de l’image de rockeur rebelle, en référence à votre premier tube « Cargo » datant de 1983 ?
Ce n’était pas qu’une image. Beaucoup de gens associent « Cargo » au clip alors que ce dernier est sorti un an après la chanson qui était déjà double disque de platine. D’ailleurs, on n’était pas du tout persuadé que ce type de morceau allait percer dans le monde de la variété de l’époque, au même titre que mon look de marin, mes jeans déchirés qui ne passaient pas forcément à la télé… Aujourd’hui, le reste de mon répertoire n’a rien à voir avec cette chanson qui a tout de même 40 ans et je dirais que si les gens attendent uniquement ce morceau lors de mes concerts, ils risquent d’attendre longtemps.
En quatre décennies, « Radio Londres » est votre 7e album studio… C’est assez peu finalement ?
En réalité, c’est ma vie qui est comme ça ! Entre « Cargo » et le premier album, il s’est écoulé cinq ans parce qu’à l’époque, ce fut difficile de passer de la France à l’Angleterre… S’agissant de « Radio Londres », j’ai mis entre 7 et 8 ans pour le réaliser. On pourrait prendre ça pour de la fainéantise mais ce n’est pas le cas, je suis un bosseur, un instinctif, ouvert au monde qui m’entoure et j’apprécie de prendre le temps d’écrire et de travailler…
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Axel Bauer en concert le 8 décembre au théâtre Luc Donat à 20h et le 9 décembre au TPA à 20h