Bilan inquiétant : CCIR : 2024, l’année de "tous les dangers" pour les entreprises
C’est un message inquiet mais résilient que le président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCIR), Pierrick Robert, a adressé aux élus et à la presse ce jeudi 25 janvier 2024. Après une année 2023 particulièrement compliquée pour les entreprises, 2024 ne s’annonce guère mieux, et est "l’année de tous les dangers" selon Pierrick Robert (Photo sly/www.imazpress.com)
"Mon rôle, c'est de ne pas se résigner" a assuré le président de la CCIR, se voulant rassurant malgré le contexte économique compliqué.
"Le monde de l’entreprise bouge et se transforme. Nous continuons à faire le travail pour lequel nous nous sommes engagés. Après 13 ans comme élu consulaire, c'est une fierté et honneur de m'engager et continuer à servir l’économie réunionnaise malgré les difficultés que nous rencontrons" a-t-il assuré.
Cela n'efface cependant pas le fait que l'année 2024 est "malheureusement l'année de tous les dangers".
Suite aux différents échanges qui ont pu avoir lieu avec les entreprises, la CCIR dresse un bilan inquiétant pour l'année à venir. "Nous n’avons pas de visibilité, ni de carnet de commandes : la commande publique peine à reprendre. Le quotidien reste difficile et tendu en trésorerie. Les différents indicateurs publiés par l'Insee attirent par ailleurs notre attention et sont inquiétants" a détaille Pierrick Robert.
En effet, en décembre 2023, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 0,5 % à La Réunion d'après les derniers chiffres de l'Insee. C’est le troisième mois consécutif de hausse.
Une hausse de près de 10% est aussi attendue pour l'électricité en janvier, une situation qui inquiète forcément les entreprises.
"L'inflation, les difficultés de remboursement du Prêt garanti par l'Etat, les dépôts de bilan, les procédures de liquidation en augmentation, l'augmentation du coût du fret et de la matière première, le coût de l'énergie…tout cela porte à s'inquiéter" a listé le président de la CCIR.
L'année a aussi débuté par le passage du cyclone Belal, qui a fortement impacté la population. D'après les premiers retours de l'enquête de la CCIR auprès de ses adhérents, 212 entreprises ont eu des difficultés en raison du cyclone : 46% d'entre elles sont du secteur du commerce 16 % de l'industrie et 38% du service. "Seuls 58% de ces entreprises sont assurées pour les dommages subis" a regretté la CCIR.
66% de ces entreprises ont subi des dégâts matériels : stocks, petits matériels, enseignes, façade…ont été impactés, pour un total provisoire de 486 000 d’euros de dégâts.
- Une année 2023 compliquée –
En 2023, 49.441 entreprises étaient inscrites au Registre du commerce et des sociétés (RGS), dont 93% de TPE.
2.469 entreprises ont été radiées, un chiffre en baisse. "C'est avec étonnement que nous avons constaté qu'il y a eu une baisse entre 2022 et 2023, 3.505 entreprises ayant été radiées en 2022" a indiqué Pierrick Robert.
Cependant, ces chiffres sont à mettre en perspective, alors que "les procédures de liquidation judiciaire direct se multiplient" a relativisé le président de la CCIR. "Au niveau national, environ 56.000 liquidations directes ont été comptabilisées en 2022, contre environ 60.000 en 2023."
"On s’engouffre vers la catastrophe, malgré nos actions et dispositifs" a-t-il alerté.
Les créations d'entreprises ont aussi diminué, avec 4.551 entreprises créées en 2023, contre 6.858 en 2022.
La CCIR a aussi noté une baisse des contrats d'alternance dans ses formations. "Cette baisse de l’alternance permet de mesurer la santé des entreprises : l'économie actuelle met un frein sur le recrutement de jeunes. Le deuxième élément de difficulté repose sur l’engagement des jeunes en formation" a estimé Pierrick Robert, qui appelle la jeunesse "à prendre son destin en main".
- Prôner la résilience -
Malgré ces chiffres inquiétants, "notre rôle, mon rôle, ce n’est pas de se résigner" a assuré Pierrick Robert. "Nous devons plus que jamais anticiper, s'adapter, faire des propositions, et faire remonter les besoins des entreprises" a-t-il ajouté.
"La CCIR de demain, c’est l’adaptation à la mutation des entreprises, la formation des jeunes" a-t-il listé. La Chambre rappelle avoir lancer un cabinet d’audit "pour permettre cette évolution, et la réorganisation des services". Les résultats de l'audit seront présentés ce vendredi aux élus.
Plusieurs projets sont sur la table pour 2024, dont la programmation du projet "Pierrefonds" après le rachat du Domaine des Pierres. "Nous voulons créer un écosystème sur la commune de Saint-Pierre" a indiqué Pierrick Robert.
La CCIR souhaite aussi la mise en place du guichet unique dédié aux entreprises en difficulté, mais est toujours dans l'attente du financement.
Côté formation, de nouveaux secteurs de développement de l'offre de formation sont attendus dans les Services à la personne avec le partenariat avec l'ALEFPA, dans la maintenance de poids-lourds, l'organisation de transports aériens ou maritimes, en livraison…
Des formations autour de la cybersécurité et du marketing digital vont être proposées à l'école du numérique.
La CCIR prévoit la création d'un parcours de formation Entrepreunariat pour les porteurs de projets, créateurs d'entreprises, repreneur…
De nombreux événements sont aussi prévus tout au long de l'année, comme Entreprendre au Féminin, le Congrès Cap Business, le Forum économique de l'océan Indien….
"Nous allons continuer à être dans l'hyper-proximité, à les accompagner et les protéger. Nous continuerons à structurer les différentes filières" a assuré Pierrick Robert. "Je souhaite passer un message de solidarité et de soutien à tous les entrepreneurs de l'île" a-t-il conclu.
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