Affaire de harcèlement présumé : Université : Frédéric Miranville choqué par la "soudaineté et la violence" de sa suspension
Dans un communiqué ce mardi 10 octobre 2023, Frédéric Miranville se dit choqué par la "soudaineté et la violence" de sa suspension du poste de président de l’Université de La Réunion. Cette décision rare dans le milieu universitaire, a été rendue publique ce vendredi par Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur. Elle a été pris après une enquête ouverte sur des signalements de harcèlement. La ministre a également annoncé l’ouverture d’"une procédure disciplinaire" à l’encontre de l’universitaire. Il a suspendu pour un an "à titre conservatoire" et le dossier a été transmis à la procureure de Saint-Denis. Nous publions ci-dessous le communiqué de Frédéric Miranville qui signe "Président élu de l’Université de La Réunion" (Photo www.imazpress.com)
"Suite à un appel du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR), j'ai été informé le 06 octobre dernier de la décision de me suspendre de mes fonctions pour une durée de un an à titre conservatoire.
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Le MESR a également indiqué qu'il allait saisir la section disciplinaire à mon encontre pour suspicion de harcèlement moral envers des collègues et ex-collègues. Il annonce également que l'inspection générale a effectué, sur la base de l'article 40 du code de procédure pénale, un signalement à Mme la procureure de la république.
La soudaineté et la violence d'une telle décision, très rare dans l'écosystème de l'enseignement supérieur et de la recherche française, sur la base de 7 signalements qui ont été produits, ne peut que me choquer et me consterner profondément. L'Université de La Réunion, la plus grande des universités ultramarines françaises, vient de faire l'objet d'une décapitation en règle.
Bien que la mesure de suspension soit prise à titre conservatoire et qu'elle ne constitue pas règlementairement une sanction, la durée d'une année choisie par le ministère ainsi que les termes de son communiqué de presse ne peuvent que me laisser comprendre que je suis déjà coupable à ses yeux et que tout l'engagement qui a été le mien et celui de mon équipe, pour faire progresser l'établissement en matière de réussite étudiante, de recherche scientifique, de rayonnement international, d'égalité et d'inclusion, de qualité de vie au travail et de transition écologique et énergétique, est insignifiant au regard des signalements opérés et de l'enquête administrative qui a été réalisée.
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En 2023, l’Etat français permet de suspendre un Président d’Université, légitimement et démocratiquement élu, pour une année alors même que je n’ai eu connaissance ni des signalements opérés, ni du rapport définitif qui aurait été rendu par l’inspection générale, en violation totale de l’article 6 de la convention européenne des droits de l’homme.
Dès lors, comment ne pas considérer comme une sanction une suspension d’une telle durée et la saisine d’une section disciplinaire, alors même qu’à aucun moment une confrontation des versions n’a été réalisée dans le cadre d’une véritable procédure contradictoire avec les plaignants ?
Pour ma part, mon action a toujours été guidée par le travail, par un engagement constant au service des étudiants et des personnels de mon établissement et par l’intérêt général. En aucun cas, je ne me suis livré à des actions pour délibérément produire des situations de harcèlement moral envers qui que ce soit ! au contraire, je crois pouvoir dire que depuis que j'ai été élu à la présidence de l'Université de La Réunion, je n'ai cessé d'être mis en cause par une minorité manipulatrice et malsaine, qui veut prendre le pouvoir par la force plutôt que par les urnes.
Qui harcèle qui dans cette affaire ? nous allons désormais pouvoir le découvrir, en transparence et aux yeux de tous.
D'ores et déjà, je tiens à exprimer mes plus chaleureux remerciements aux nombreuses personnes, collègues de l’établissement, Présidents d’autres universités ou encore personnalités politiques, qui m'ont transmis leur témoignage de soutien et d'affection dans ce moment très difficile que je traverse, avec ma famille, mes proches, mon équipe et le groupe qui m'accompagne.
Je pense aussi aux étudiants et aux personnels de l'Université de La Réunion, qui ont dû apprendre cette nouvelle avec stupeur et étonnement, comme bon nombre de personnes.
Je tiens à leur dire que je suis avec eux, en toutes circonstances, et que je ferai la lumière sur ce qui est à mes yeux une terrible erreur d'appréciation sur une situation qui transpire la manipulation et qui relève de la cabale politique.
L'Université de La Réunion est une grande université, un bel établissement, qui porte des valeurs de travail, d'excellence, de bienveillance et d'ouverture aux mondes. Ceux qui ont conduit à cette décapitation ne les partagent manifestement pas.
Avec une telle décision, le mode d'emploi est désormais donné pour qu'une minorité autocentrée et radicale puisse renverser, par un simple courrier, des gouvernances élues démocratiquement.
Je ne peux que penser à mes collègues présidentes et présidents d'universités, qui donnent au-delà du raisonnable pour faire fonctionner leurs établissements, quelque soient les crises et les contextes, au service des étudiants, de leurs personnels et des missions universitaires. Une telle décision ne peut que les interpeler.
Je fais confiance à notre République et à notre Justice pour rétablir la vérité et j’aurai l’occasion de livrer ma version des faits et de donner une tout autre lecture de la situation prochainement"
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